Ploërmel : la croix "censurée" de Jean-Paul II déchaîne les passions

"Il faut sauver la croix de Ploërmel!" De Paris à Varsovie, en passant par les réseaux sociaux, la croix surplombant une statue de Jean-Paul II dans le Morbihan fait de nouveau polémique, depuis que la justice a ordonné son retrait au nom de la laïcité.

"Le gouvernement polonais tentera de sauver de la censure le monument de notre compatriote, et nous proposerons de le transférer en Pologne", a lancé samedi la Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo.


Installé sur un parking de Ploërmel dans le Morbihan, le monument, qui culmine à 7,50 mètres de haut, a été contesté avant même son édification le 9 décembre 2006.

Depuis 10 ans, cette statue est au centre d'un combat judiciaire entre les opposants laïcs à cette oeuvre d'art "religieuse" et la mairie. Le dernier épisode judiciaire date du mercredi 25 octobre. Le Conseil d'État a ordonné le retrait de la croix qui surplombe l'édifice dans un délai de six mois, au nom de l'article 28 de la loi de 1905 qui interdit "d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux" dans un "emplacement public".


La plus haute juridiction administrative française n'a en revanche pas remis en cause la statue et son arche qui "ne saurait, par elle-même, être regardée comme un signe ou emblème religieux" au sens de la loi.

Des réactions de toute part

L'Eglise catholique n'a pas protesté. "C'est une décision mesurée qui me satisfait", a ainsi commenté le vicaire général de l'évêché de Vannes, l'abbé Jean-Yves Le Saux, dans Le Figaro.

Pour autant l'affaire a suscité une levée de boucliers à droite et à l'extrême droite. "Cette décision inique participe à l'oeuvre de destruction de notre civilisation judéo-chrétienne", s'est ainsi insurgé Louis Alliot, vice-président du FN. "Le premier ennemi de la laïcité en France, ce n'est pas une croix sur la statue de Jean-Paul II ni une crèche", a aussi déclaré dimanche Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains. L'ancien Premier ministre (LR) Jean-Pierre Raffarin a lui jugé "absurde" de "vouloir séparer la croix et Jean-Paul".

Sur Twitter, un hashtag #MontreTaCroix, a suscité des dizaines de milliers de commentaires d'internautes, qui ont posté photos de calvaires, de crucifix ou de croix de Lorraine. La plupart plaidaient pour le respect du patrimoine et de "l'identité française".

Vendre le terrain à un privé pour se conformer à la loi

Ce dimanche, dans la petite commune morbihannaise de 9 000 habitants, les réactions sont plus mesurées. "Les habitants sont un peu dubitatifs. Qu'il y ait une croix ou qu'il n'y en ait pas, ça ne va pas changer grand chose", jugeait ainsi le député (LREM) Paul Molac, qui habite la commune voisine. "Je n'ai pas envie de faire renaître une guerre de religion", explique le maire (LR) Patrick Le Diffon. Estimant que "couper la croix" risquerait de "créer un trouble à l'ordre public", il envisage de vendre le terrain à un investisseur privé, ce qui permettrait de se conformer à la loi. "L'objet du délit serait dans un espace privé", souligne-t-il. 

Une idée que certains ont aussi proposé à la mairie, telle cette pétition sur le site change.org "Pour la privatisation de l'emplacement de la statue de Jean Paul II à Ploërmel"

L'ancien maire (divers droite), Paul Anselin, à l'origine de l'implantation de la statue, est au contraire reparti en croisade. "Faire tomber une croix en Bretagne, c'est invraisemblable!", lance l'ancien colonel de parachutistes, âgé de 86 ans. Il songe à saisir la cour européenne et va même en appeler à une grande manifestation en décembre à Ploërmel.

La télévision polonaise avait dépêché sur place ce dimanche une équipe de reportage.

Cette semaine, le Conseil d'Etat a ordonné que la croix surplombant la statue de Jean-Paul II à Ploërmel soit retirée dans les six mois au nom du respect de la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Vive réaction de la Pologne dont la 1ère Ministre conservatrice parle de" censure" et souhaite voir transférer dans son pays la statue de son illustre compatriote. / Intervenants : Marcin Rosinski, journaliste à la télévision publique polonaise - Paul Anselin, ancien maire (divers droite) de Ploërmel
 
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